Les meunières, ces bisses méconnus

Les meunières sont des canaux d’irrigation comme les bisses. Elles irriguent les parcelles agricoles de plaine, par des jeux d’écluses.

Elles se faufilent discrètement le long des champs, des routes et des habitations, remplies d’une eau tranquille qui inonde les terres sur demande, pour abreuver les racines des arbres fruitiers, des vignes, du blé ou du maïs. Méconnues et pourtant si précieuses, les meunières tissent un impressionnant réseau d’irrigation en plaine, dans quatre secteurs sédunois.

Dès 7h du matin, Yoann Fournier court pour répondre aux demandes des agriculteurs qui lui sont parvenues sur son smartphone la veille. Chacun aura son eau, selon un tournus qui fait parfois l’objet de négociations, car tous les exploitants n’ont pas les mêmes besoins selon les cultures et les périodes. Les preneurs d’eau, qui ont accès à une vanne liée à leur parcelle, sont soumis au Règlement de la police des bisses, en vigueur depuis 1913.

Le chef d’équipe génie rural de la Ville de Sion, responsable de la garde des meunières, se rend auprès des vannes concernées pour libérer l’eau, qui va remplir les canaux jusqu’aux champs à irriguer. Une tâche indispensable pour les cultures de la plaine, renouvelée quotidiennement cinq mois par an, de mai à septembre. Le vaste réseau (jusqu’à 14 kilomètres selon les secteurs) tisse sa toile pour alimenter toutes les exploitations agricoles. Peu visible, car en grande partie souterrain en zone urbaine, il apporte également son lot de fraîcheur et de convivialité lorsqu’il se découvre, comme au cœur du village de Bramois ou entre les immeubles de Champsec. Yoann Fournier et son équipe veillent à l’entretien et à la saine gestion de ces précieux canaux. « C’est une chance de pouvoir compter sur ce système ancestral si efficace! »

 

Secteurs Bramois et Champsec/Vissigen
Le réseau le plus important de la Commune de Sion prend sa source au fond de Bramois et a été mis en place par les agriculteurs de la région au 14e siècle. Il est constitué de deux artères principales: l’une en rive droite de la rivière, dédiée aux parcelles à l’est du village, et l’autre en rive gauche, qui irrigue le secteur de Champsec /Vissigen. La première, qui compte une dizaine de meunières, tire son eau de la Borgne et se déverse dans le canal de Bramois. La seconde, qui comprend cinq meunières à ciel ouvert, est alimentée par les eaux de la Dixence turbinées par l’usine hydroélectrique, et finit sa course dans le canal de Vissigen. Le circuit de ces meunières totalise plus de 25 kilomètres.

 

Secteur Uvrier 
Au cœur des villages d’Uvrier et de St-Léonard, deux batardeaux (barrages destinés à la retenue d’eau provisoire) permettent de faire monter les eaux de la Lienne pour alimenter les réseaux d’irrigation sur demande. Cet ouvrage possède un dispositif électrifié géré par le garde-meunières, qui commande la quantité d’eau nécessaire pour l’arrosage à la centrale Électricité de la Lienne SA. Les meunières desservent 23 hectares de surfaces agricoles, en majorité sur la partie sud d’Uvrier.

 

Secteur Sion ville
Témoins d’un temps où chaque habitation possédait sa propre prise d’eau en pleine ville, les meunières souterraines de Platta, du Vieux-Moulin, de la Brasserie, du Ritz, des Collines et du Petit-Chasseur ont perdu leur vocation d’irrigation. Seules deux d’entre elles servent encore à arroser périodiquement des vignes sous le château de Tourbillon du côté de la Cible ainsi qu’un jardin privé au centre-ville, où un Sequoia géant et un Cèdre de l’Atlas trônent depuis des lustres. Reliées à la Sionne, elles sont mises en eau par le garde-meunières du secteur sur demande 

 

Secteurs Châtroz et Pont-de-la-Morge 
La zone agricole de Châtroz peut compter sur les meunières reliées aux cours d’eau de la Morge et de la Temporie.

Quant aux parcelles de la région du Pont-de-la-Morge, elles sont irriguées par un bisse de plaine qui prend sa source à la confluence du canal de la Temporie avec la Morge.

 

Un patrimoine utile, à valoriser
Patrimoine discret et précieux, les meunières jouent un rôle important non seulement pour le maintien de l’agriculture mais aussi pour la préservation d’écosystèmes aquatiques. En effet, certaines d’entre elles alimentent des canaux riches en biodiversité, comme celui de Vissigen. À l’avenir, ces bisses de plaine pourraient être davantage sollicités pour l’évacuation des eaux de surface en cas de fortes précipitations ou la création d’îlots de fraîcheur en ville. Enfin, leur place dans l’histoire et le paysage local présente un intérêt touristique à valoriser, à l’instar des bisses du coteau.

Au cœur des villages d’Uvrier et de St-Léonard, un dispositif de retenue d’eau (batardeau) permet de faire monter les eaux de la Lienne pour alimenter les meunières sur demande.

Quelle est la longueur de chaque réseau de meunières?

Champsec /Vissigen 14,5 km
Bramois 10,3 km
Uvrier 10,9 km
Sion ville 8,8 km
Pont-de-la-Morge 1,8 km
Châtroz 1,6 km